Petite note linguistique sans rigueur scientifique
à l’occasion du 2 février 2003
Comme un ecclésiastique qui affirme, lorsqu’il veut parler des choses de l’amour humain, “j’ai lu ça dans les livres”, j’ai commencé par aller consulter le dictionnaire, le grand Littré, et j’y ai trouvé:
Fiance :
substantif féminin ; état de l’âme qui se fie. Â partir de là, j’ai un peu tourné autour du mot.
Se fiancer, c’est donc, outre la belle perspective du mariage,
se fier à. Etienne et Fanny, vous vous fiez l’un à l’autre, vous vous en remettez à la foi de l’autre -selon les termes du même dictionnaire à l’occurrence de ce verbe- vous vous accordez votre foi ; peut être comme on accorde ses instruments avant de jouer ensemble une partition... ou même une improvisation. Vous avez choisi de marquer le temps pour accorder votre foi, et même Etienne avec le peu d’expérience qu’il a de la pratique musicale, sait qu’il ne suffit pas d’accorder les instruments entre eux, mais qu’il faut d’abord les accorder sur La note juste. En d’autres termes, ce n’est certainement pas un hasard étymologique si l’on retrouve La Foi dans les définitions du mystère de l’amour. D’ailleurs cette définition parle d’un
état de l’âme, que nul ne confondra avec un état d’âme, c’est à dire avec un simple jeu du sentiment.
Et je dois encore ici m’arrêter un instant sur un petit paradoxe riche de sens. La fiance n’est pas un bel élan isolé, un acte perdu de l’instant : il nous est dit que c’est un état, une stabilité. Mais le verbe
se fier est un verbe actif et présent, ce qui interdit l’installation acquise et statique. Il ne s’agit pas de l’
état de l’âme qui s’est fiée. C’est donc un mouvement perpétuel, un acte qui trouve sa valeur dans la permanence. C’est sans doute pour cela que le mot est encore de la même famille que la fidélité, et qu’on ne parle pas de votre fiançaille mais de vos fiançailles. Vous n’avez pas fini de vous fiancer: vous commencez à peine! Et ça me console un peu de ne pas avoir pu être présent au jour de l’ouverture officielle de vos fiançailles : je me dis que ce sera une exposition permanente, je veux dire le témoignage d’une vie.
Je vous fais confiance.
Merci donc, chers Fanny et Etienne, croyez bien que je suis présent par la prière.
SURSUM CORDA! -
Grégoire.